HYDRO
Caroline Monnet et Ludovic Boney
Du 12 septembre au 15 décembre 2025
Vernissage le 12 septembre à 17h
©
Paul Litherland
Au bout de l’enchevêtrement de leurs fils, 180 ampoules nous accueillent de leur douce lueur au sein de la galerie. Sous elles, un vaste miroir reflète la lumière qu’elles émettent, décuplant l’énergie qui les nourrit. En les observant, on remarque avec le temps que leur intensité augmente, puis diminue. Cette variation suit un enregistrement. C’est celui d’un discours prononcé en 1992 par le grand chef du Grand conseil des Cris (Eeyou Istchee) Matthew Coon Come, s’opposant au projet hydroélectrique de Grande-Baleine dans le Nord-du-Québec. Destiné à alimenter certaines villes des États-Unis en électricité, ce dernier était voué à détourner huit grandes rivières, endommageant irréversiblement le territoire sur une vaste étendue.
Le discours, repris en canon, est ensuite suivi de mots en ayant été extraits, traduits en code morse. Encore une fois, les ampoules s’arriment à la trame, s’allumant et s’éteignant pour déployer un code morse visuel. Peut-être qu’en passant par la vue tant que par l’ouïe, le message s’enracinera dans nos esprits davantage… Quelles sont les conséquences d’une électricité “verte” sur le territoire, sur les communautés qui l’habitent, sur leurs cultures?
Au travers du discours, puis entre les messages en code morse, on peut entendre un grésillement, des bruits de transformateurs électriques qui ne vont pas sans rappeler les sons que l’on entend lorsqu’on marche sous des lignes de haute tension. Symboles de connexion et de modernité, de nationalisme québécois, ces câbles surmontent un tout autre narratif: celui de la destruction de milliers de kilomètres de forêt, de la perte de repères et d’habitat pour une multitude d’animaux…
Soudainement, l’installation se fait moins accueillante qu’inquiétante. Son effet stroboscopique, allié au “bip” quasi frénétique, laisse tout d’un coup l’impression d’une urgence. Puis, le grésillement, accompagné d’un mouvement lumineux évoquant la circulation de l’électricité, rappelle que celle-ci vient de quelque part. Et que, si nous en profitons largement, c’est parce que d’autres en ont payé le prix.
Caroline Monnet (Anishinaabe/Française) est une artiste multidisciplinaire originaire de l’Outaouais. Elle a fait l’objet d’expositions individuelles au Musée des beaux-arts de Montréal, au Musée Schirn (Francfort), à Arsenal art contemporain (New York), au Centre International d’Art et du Paysage de l’île de Vassivière (France) et au Art Museum de l’Université de Toronto. Elle s’est vu décerner la bourse Merata Mita du Festival Sundance et a été nommée compagne des arts et des lettres du Québec.
Ludovic Boney est originaire de Wendake (Québec). Au sortir de l’école de sculpture en 2002, il fonde le Bloc 5 - atelier de production artistique - en compagnie de quatre artistes. Depuis 2006, il oeuvre sur des projets d’art public de grande envergure et présente son travail régulièrement en galeries ou dans les centres d'artistes. Il a récemment présenté ses oeuvres au Musée McCord de Montréal et à Nuit Blanche Toronto. Ses oeuvres font partie de plusieurs collections publiques et privées.
Hydro, une installation réalisée par Ludovic Boney et Caroline Monnet, est présentée par Ahkwayaonhkeh et l’Office national du film du Canada (ONF).