Tho ihchien’ ha’yeht hewetha’ de ändichia’ - Je marche vers toi grand-mère
Ni motan kimeskanamik kokom - Je marche dans tes pas grand-mère

Anne Ardouin et Eruoma Awashish


-Du 10 mai au 16 juin
Vernissage le 10 mai à 17h


Anne Ardouin, Je pense à la rivière, à celle que j’étais, à celle que je deviens, 2024, Gracieuseté de l'artiste.
Eruoma Awashish, Kokom (Éd. 7/7), 2006, Gracieuseté de l’artiste.


Les chemins d’Anne Ardouin et Eruoma Awashish se sont croisés il y a plusieurs années déjà, alors qu’Eruoma n’avait que 13 ans. Cette exposition, la première qu’elles présentent ensemble, aborde la figure de la grand-mère. Les artistes y proposent un dialogue entre leurs appartenances respectives comme femmes, en leur rendant hommage. S’y révèlent un ensemble de chemins; ceux que ces aïeules ont permis aux artistes de parcourir, et ceux que leur héritage ouvre devant elles.


Je marche vers toi grand-mère évoque pour Anne Ardouin le récit poétique d’une quête vers ses origines identitaires. À travers une série de neuf esquisses mémoires, l'artiste tisse des liens de l'ordre du sensible envers des lieux de recueillement, des parcelles de paysages rencontrées au fil des années dans les forêts des territoires wendat et atikamekw.  Les grands dessins de l’île aux rochers roses dressent une synthèse entre l’espace du jour et celui des rêves; elle y rencontre son andichia’ qui prend la forme d’une cabane, d’un abri où se réfugier, d’où observer les étoiles. Elle brode aussi comme autant de petits pas, le bassin versant de l’Akiawenhrahk. Elle a fabriqué des poupées en feuilles de maïs, cherchant à honorer les chemins de ses ancêtres et ceux des femmes qui marchent à travers les rivières jusqu’aux océans.


Eruoma Awashish a grandi auprès de sa kokom (grand-mère), dans sa maison familiale au sein de sa communauté. Elle en garde de précieux souvenirs. Elle a vu sa kokom tanner des peaux d’orignal, fabriquer des mocassins, broder des motifs de fleur, tisser des filets de pêche, tresser des raquettes… Des savoir-faire hautement symboliques qui définissent l’identité Atikamekw Nehirowisiw. Son esprit s’est imprégné des enseignements reçus dans le silence et l’observation. L’ancrage identitaire de ces gestes d’une mémoire millénaire prend ici la forme de racines et de fleurs. La résilience des personnes qui les ont transmis s’exprime quant à elle à travers une installation de cheveux, qui évoque la grande résilience des peuples autochtones aux nombreux changements violents de leur mode de vie, aux deuils à surmonter, la force inébranlable des femmes de son peuple. Aujourd’hui, Eruoma Awashish marche dans les pas de sa kokom, devenue une figure sacrée dans son travail. Elle transporte son héritage pour le transmettre à son tour.







Anne Ardouin est artiste en arts visuels ainsi que chercheure, membre de la Nation huronne-wendat. Elle s’intéresse aux imaginaires en lien avec le paysage et les milieux de vie. Elle est titulaire d’une Maîtrise en arts visuels de l’Université Concordia et d’un Doctorat en études paysagères et culturelles, Faculté de l’Aménagement, Université de Montréal. Elle a également présenté l’exposition Une rivière merveilleuse (2019), où elle s’est intéressée à travers le dessin, la photographie et la cartographie à neufs confluents de la rivière Akiawenhrahk, en collaboration avec les mots d’Andrée Levesque Sioui. Elle travaille entre Québec et Opitciwan où elle est chargée de projet dans le secteur Éducation.


Eruoma Awashish est une artiste originaire d’Opitciwan établie au Pekuakami (Lac-Saint-Jean) et qui travaille à Mashteuiatsh. Elle est titulaire d’un baccalauréat en art interdisciplinaire de l’Université du Québec à Chicoutimi et termine présentement une maîtrise en art, volet recherche et création. La décolonisation du Sacré est au cœur de ses recherches. Elle a participé à la Biennale Révélations au Grand Palais de Paris (2023), à l’exposition « Territoires sous observation » au MURA, Museo Raùl Anguiano, Guadalajara au Mexique (2023), à la Biennale d’art contemporain autochtone (BACA) (2018 et 2024) et a présenté l’installation « Kosaptcikan, épier l’autre monde » au Musée des beaux-arts de Montréal (2017-2018).




            
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